Illustration d'une dépense engagée et récompensée
Une consommation engagée doit être aussi simple que d’envoyer un message et aussi indolore que de récupérer sa monnaie. Un consommateur n’attend plus juste la prestation de service, mais d’être récompensé par la réception du montant qui lui est dû en retour.
De plus, un professionnel encouragerait ce service pour faire bénéficier de la prime à ses clients. Cette rencontre d’intérêts nourrirait continuellement les habitudes de chacun afin de valider et rétribuer les comportements vertueux.
Identifier les usages
Un moyen de paiement est l'instrument d'ajustement d'un prix au moment de la transaction. Il est fonction du règlement des intérêts entre les parties prenantes à la transaction. Or aucun des systèmes de paiements actuels n'intègre un modèle économique au bénéfice de l’utilisateur. Pourtant, un échange pourrait intégrer une récompense à l'engagement, par un flux-retour d'argent immédiat au bénéficiaire.
Joindre un jeu économique à un moyen de paiement généralise le principe des incitations financières. Elles encouragent les comportements vertueux lorsque deux agents économiques vérifient réciproquement une information dans leur relation. Il faut incorporer à ce réseau monétaire un mécanisme d’attestation numérique garantissant la véracité de l’échange, comme un sésame garantissant le bon déroulement de l’opération.
Ce système de transaction sera redistribué dans le sens où chaque utilisateur est producteur-vérificateur d'une transaction, action récompensée pécuniairement. Une véritable logique contributive est stimulée La logique contributive est stimulée par le biais de ces incitations économiques nommées et ciblées. Afin de développer des liens intelligibles entre une variété de personnes, cet outil devra s’immiscer dans les paiements courants, spontanés et engagés.
Cas pratique
Prenons une situation fréquente. Retour d’un séjour, nous sommes quatre dans la file d’attente des taxis à l’aéroport d’Orly. Deux couples, dont l’un se rend dans le quartier de République, l’autre aux Buttes Chaumont. Le bon sens voudrait que l’on puiss effectuer ensemble le trajet, la course étant dans le cas présent forfaitaire, permettant de « remplir » le véhicule pour des raisons écologiques, partager la note pour des raisons économiques.
Sans s'attarder sur la guignolade du chauffeur interpellant la foule pour nous faire passer pour de mauvais clients, ils nous aura fallu deux véhicules pour faire le même déplacement d’un point A à un point B. Un alignement d’intérêts voudrait qu’un chauffeur prenant plus de monde dans son taxi voit son action économiquement récompensée, et de même pour l’attitude des clients ayant maximisé l’espace d’un véhicule.
Techniquement, le défi est d'incorporer dans la transaction les données d’ajustement du prix, condition pour récompenser les choix personnels. Cela nécessite une technologie d’authentification de la responsabilité du payeur et du payé. Il deviendrait alors possible d’échanger l’information complémentaire, afin d’inscrire dans le calcul de la transaction les comportements à vocation éthique et responsable.
L’adoption engagée
Pour continuer notre histoire, le chauffeur ne voyait pas l’intérêt de complexifier son raisonnement pour une course, sachant qu’il n’y gagnerait rien au change. De même qu’il ne quantifiait pas le gain que cela représentait pour nous en termes d’engagement pour la planète. En réalité, nous étions de l’incapacité de matérialiser de manière intelligible cet enjeu commun, en répartissant entre nous la création de valeur.
Largement utilisées, les cartes de fidélité sont représentatives d’un supplément de valeur ajoutée au sein d’une communauté d'acteurs. L'absence d'intérêt pour le chauffeur de taxi, à accepter la course à quatre pour deux destinations, pourrait être compensé par un système d’avantages de type réductions. Cela donnerait droit à des bénéfices pour les échanges qui se réalisent à l’intérieur de cette communauté.
Mais plus encore, comment matérialiser un bénéfice à un tiers indifférent ou hostile à un objectif porté par une communauté constituée ? La manière la plus simple d'initier un partage de valeur au sein d'un groupe est d’avoir une unité de compte commune. Or le seul instrument qui permet d’identifier ces contextes d'échange, c’est bien celui de la monnaie (dite complémentaire).
Le juste prix
La monnaie permet de définir le critère du prix, processus de valeur et de leur vérification. Dans notre vision, chaque contributeur à un devoir de contrôle sur le fonctionnement de l’univers de la plateforme. Par exemple, pour ne payer que des taxis qui utilisent des moyens de transport propres, la vérification s'effectuera par les parties prenantes au moment de la transaction.
Comme de la monnaie courante mais dédiée à une vision responsable de la consommation, il doit devenir naturel de demander à un interlocuteur de venir contre-signer une opération, pour déclencher le flux monétaire de compensation. L’initiation au scancode (comme Yuka), est l’activateur d’usage devant être encouragé mutuellement par chaque acteur d’une transaction (servant de preuve transactionnelle).
Pour conclure notre exemple, il faut pouvoir vérifier le nombre de passagers transportés dans le taxi, et que la course s’est correctement déroulée. Le chauffeur peut simplement afficher un identifiant que chaque passager scannera depuis son téléphone. Cela redirigera sur une page internet affichant les détails de la transaction au niveau des prix. Une fois la course terminée, les clients pourront valider l’opération et ainsi être rétribué en monnaie.